Histoires pour enfants

Les Secrets de la Base Souterraine

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Au cœur d'une base secrète abandonnée, Gabin, un jeune détective persévérant mais souvent sous-estimé, s'allie à un chat futé et à l’ambigu Résolveur d’énigmes pour percer les mystères d'un ancien manoir souterrain. Mais derrière chaque porte verrouillée et chaque puzzle se cache l’ombre d’un chef rebelle, prêt à tout pour garder enfouis des secrets qui pourraient changer le destin de tous. Entre codes, trahisons et révélations fracassantes, l’aventure s’annonce jalonnée d’énigmes et de suspense.
Les Secrets de la Base Souterraine

Chapitre 3 : L’Ombre du Chef Rebelle

Chapitre 3 : Le Cœur du Manoir

Une sensation de vertige s’empara de Gabin tandis qu’il franchissait, accompagné de Sphinx et du Résolveur d’énigmes, le seuil dérobé menant à la salle centrale. Un vaste atrium se dévoila (imprévu, majestueux, inquiétant), baigné d’une lueur pulsante venue d’une verrière circulaire zébrée de vitraux rouges et verts. Des brumes artificielles flottaient près du sol, et le grondement sourd de machines endormies vibrait comme un cœur obscur. Autour, des rampes d’acier s’enroulaient en spirales, convergeant toutes vers un gigantesque monolithe bardé de fils et d’écrans dansant de reflets surnaturels.

Juste au pied de cet ordinateur monumental, se tenait une silhouette. Grande, droite, drapée dans une cape noire d’officier ancien ; une lumière froide accrocha son visage dur, sculpté de rides, dominé par des yeux d’un bleu glacial. C’était le Chef rebelle. Il attendait, mains croisées dans le dos, visage impassible mais porteur d’une inquiétude nerveuse – ou d’une excitation vengeresse, difficile à trancher.

« Vous voilà donc… », déclara-t-il d’une voix de bronze. « Le petit détective, le chat des légendes et mon cher Résolveur… Je dois avouer, votre ténacité me surprend. Mais frappez tant que vous voudrez : le dernier verrou ne s’ouvrira que pour ceux capables d’affronter, non la peur, mais la vérité même. »

Gabin serra les poings, tentant de masquer les tremblements qui lui grimpaient le long des bras. Sphinx, d’un pas fluide, s’avança et s’assit, imposant malgré sa taille, un air parfaitement imperturbable inscrit dans ses moustaches frémissantes. Le Résolveur, visiblement partagé entre la crainte et le respect, s’immobilisa près de Gabin, fixant son ancien mentor d’un regard sombre.

— Que voulez-vous de nous ? souffla Gabin, sa voix oscillant entre défi et vigilance.

— Un test, bien entendu. Le test ultime, reprit le Chef, désignant le monolithe froid derrière lui. « Ceci… est le cœur du manoir. Outre être le cerveau oublié de la base, c’est aussi une bombe à retardement. D’ici quarante minutes, si vous ne le réactivez pas, l’ensemble du site sera englouti : les galeries piégées exploseront d’elles-mêmes, et plus rien ne sortira jamais d’ici. »

Pendant que la pression montait comme une vague, le Chef lança à Gabin un vieux badge portant un code QR effacé :

« Voici votre indice. Seuls ceux capables d’assembler les vérités perdues du passé pourront relancer la machine. Allez donc, détective. Le dernier acte commence maintenant. »

La tension s’abattit d’un coup. Gabin, Sphinx et le Résolveur n’eurent d’autre choix que de s’élancer dans la gigantesque salle circulaire, sorte de cathédrale électronique jonchée de pupitres, de coffres-forts éventrés et de pièces détachées. Mais déjà, des écrans s’animaient. Un décompte rouge s’afficha, impitoyable.




Gabin, carnet en main, tâcha de garder son sang-froid. Il étudia le badge : sous la fine couche de crasse, il distingua des inscriptions codées. Sphinx, bondissant d’un appareil à l’autre, détecta soudain une dalle affaissée sous un grand tapis de câbles. Grâce à sa patte habile, il remua les fils, révélant… une trappe.

— Attends ! s’empressa de chuchoter le Résolveur, plus nerveux que jamais. Cette zone est truffée de capteurs !

Sphinx s’arrêta net, renifla une infime odeur de poussière de cuivre. D’un bond, il pressa pile là où l’interrupteur caché se trouvait : la trappe pivota, découvrant un escalier menant à une cave basse. Les trois compères s’y engouffrèrent. Là, l’air était plus froid, saturé d’odeurs d’encre et de cuir.

Le long des parois, d’antiques dossiers militaires s’étalaient, classés par couleur et par symbole. Gabin reconnut les mêmes motifs géométriques croisés plus haut. Grâce à son flair méthodique, il repéra un dossier annoté d’un « λ » grec. À l’intérieur, fichu dans une enveloppe vieillie, un schéma du centre montrant… la présence d’une sortie secrète reliée à la salle de contrôle.

« Voilà notre plan de fuite, murmura-t-il, mais ça ne suffit pas… Il faut l’activation. »

Une feuille volante tomba d’un autre dossier – frappée du même lys bleu que le carnet du Résolveur. Gabin se tourna vers lui :

— Ce dessin… C’est TON écriture, non ?

Le Résolveur pâlit. D’une voix hésitante, il avoua :

« Quand j’étais plus jeune, je croyais servir une cause juste. Mais on m’a caché la vérité sur ce qu’ils faisaient ici, sur la nature de leurs expériences… »

Gabin sentit grandir en lui l’intuition que le puzzle avait un sens caché. Il feuilleta le journal du Résolveur, y trouva des passages cryptés visiblement écrits dans la panique, et une phrase émergée d’entre les lignes :

« Le Chef rebelle n’est pas qu’un traître. Il fut jadis l’un des concepteurs du Cœur ; trahi, sacrifié comme bouc émissaire lors du Grand Incident. »

Le sang de Gabin pulsa dans ses tempes. Il rejoignit l’étage supérieur à toute vitesse, cœur battant. La trappe grinça, mais ils refermèrent derrière eux. Sphinx avait déjà flairé un boîtier sur le flanc du monolithe. Le chat se ramassa sur lui-même, bondit — ses griffes déclenchèrent un ressort secret. Le panneau dévoila un clavier illuminé de chiffres et de lettres grecques.

— Il attend qu’on lui rende son honneur, murmura le Résolveur. Si on restaure la vérité des archives, le cœur sera réactivé sans détruire la base…

— Et sans vengeance, compléta Gabin, l’esprit soudain clair.

Mais un grondement secoua la salle : sous la pression du décompte, une série de pièges s’activa le long des parois : des pierres glissèrent, des jets d’air vicié s’échappèrent, taillant des sillons de brouillard. Gabin, accélérant, confia son carnet au Résolveur :

— Toi, décrypte ! Je cours au panneau central !

Sphinx, flairant le moindre souffle, guidait Gabin hors des trajectoires des dalles piégées. Deux fois, un minuscule couinement d’alerte lui permit d’éviter la chute d’un bloc meurtrier ; une autre fois, ses moustaches effleurèrent un rayon invisible, lui révélant une cellule sensible juste à temps.

Gabin tapa – méthodiquement, refusant la panique – sur le clavier. Affichant les symboles trouvés tout au long du complexe, il assembla les réponses : le schéma du plan, les dates du journal, la vraie identité du Chef. Les serveurs clignotèrent. Mais le décompte dégringola à trois minutes !

Soudain, le Chef rebelle les rejoignit, fauve et indomptable, son arme dégainée.

— Arrêtez ! grogna-t-il. Vous croyez que la lumière lave tous les crimes ? J’ai donné vingt ans de ma vie à ce projet. Ils m’ont accusé, puis ils ont fui, risquant de faire tout sauter. Vous n’êtes que des enfants !

Gabin leva les mains, le regard chargé de calme :

— On vous a trahi, c’est vrai. Mais à quoi sert la vengeance si tout sombre avec vous ? Si vous voulez retrouver votre nom, rendez publique la vérité. Ce n’est pas la destruction qui lave une faute. C’est la lumière.

Un long silence. Plus loin, Sphinx, indifférent au drame, grattait furieusement un dernier cadenas reliant deux générateurs.

Le Résolveur, d’une voix rauque, ajouta :

— J’étais comme vous, Chef. Aveuglé par la colère. Mais… nous avons le choix.

Le Chef hésita, puis d’un geste rageur, jeta sa clef magnétique à Gabin.

— Alors finissez. Mais ne comptez pas sur ma pitié si vous échouez.

Gabin connecta la clef au boîtier, valida le plan d’activation. Les circuits grognèrent, les néons s’allumèrent par vagues, le cœur du manoir pulsa d’une lumière éclatante… et le décompte stoppa net.

L’ordinateur afficha, lentement : « VÉRITÉ RESTAURÉE. SYSTÈME STABLE. SORTIE OUVERTE. »

Un souffle immense parcourut la salle. Dans un rideau de poussière apparut, derrière la verrière, une porte à triple battant – la sortie secrète révélée. Mais surtout, sur les écrans, défilaient les archives du passé, preuves irréfutables du sacrifice du Chef rebelle, des expérimentations cachées, du rôle de chacun.

Sphinx, d’un air victorieux, miaulant comme pour signifier « mission accomplie », trottina vers la porte.

Le Chef, hagard, recula d’un pas, les larmes aux yeux :

— Peut-être… ai-je encore une maison, alors.

Gabin, résolu, posa une main sur la console, jurant de faire éclater la vérité. Le Résolveur, soulagé, réajusta son masque, prêt à assumer sa part de lumière – et d’ombre.

La porte s’ouvrit. Le trio passa dans le couloir baigné d’air frais, vers une aube nouvelle. Mais dans l’ombre de l’atrium, le cœur du manoir battait encore, porteur – tout au fond – d’un tout dernier secret prêt à éclore…



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