Histoires pour enfants

Irene et le Mystère des Sables Cachés

Histoires pour enfants

En plein cœur du désert, la patiente et astucieuse Irene pressent que les pyramides qui dominent l’horizon recèlent des secrets oubliés. Accompagnée du Gardien des reliques – vieux sage brusque mais juste – et d’un excentrique Résolveur d’énigmes au flair légendaire, elle s’engage dans une aventure périlleuse pour dévoiler la pyramide enfouie, échappant à la vigilance d’un Ogre redoutable et révélant les merveilles cachées du monde antique.
Irene et le Mystère des Sables Cachés

Chapitre 1 : Le Sifflement du Vent Doré

Irene n’était ni la plus hardie du village de Vaitouma, ni la plus timide. Mais c’est dans la patience et la curiosité qu’elle excellait, cette faculté d’attendre que le vent parle ou qu’un insecte révèle un secret. Son oncle disait qu’elle avait des bois d’antilope sur le cœur : gracile mais vibrante d'une force têtue. Depuis trois semaines, elle avait abandonné le tumulte de la ville ocre pour s’installer à la lisière du désert, là où le sable épouse un vieux bosquet de palmiers rongé par le soleil. Elle aidait le Gardien des reliques – son oncle, Othon, enveloppé de foulards accrochés par la poussière et la mémoire des âges.

Chaque matin, elle balayait la petite salle aux arceaux de pisé, époussetant statuettes en faïence craquelées, fossiles incrustés de cristaux, fioles d’eau raréfiée depuis des millénaires. Othon, lui, passait des heures courbé sur un registre de cuir sec, marmonnant tout bas dans un jargon inconnu. Il protégeait sa collection d’objets comme il protégeait l’oasis du souffle du désert : férocement, jalousement, persuadé que chaque fragment avait changé le cours caché d’une rivière ou celui d’un destin.

Un soir d’orage, alors que la mer de sable glissait des vagues de poussière contre les murs de la petite bâtisse, Irene sentit le sol vibrer. Le vent se mit à siffler par une brèche fêlée du toit, soulevant les nattes sur le parquet. À l’aube, l’oasis semblait transformée – chaque palmier recouvert d’un manteau de sable, la source aux reflets brouillés. Mais surtout, devant l’abri à outils, une dalle de pierre, autrefois ensevelie, dessinait à la lumière rasante une figure étrange.

Irene s’accroupit, effleurant du bout des doigts les aspérités : une carte, gravée d’arabesques, et ponctuée de symboles anciens. Au centre, une forme triangulaire, auréolée de rayons, et l’inscription : « Là où le soleil se lève entre deux ombres, les secrets du désert s’éveilleront. »

— Oncle Othon ! Tu as vu ça ? appela-t-elle, la voix vibrant d’excitation.

Le vieil homme jaillit, pieds nus dans le sable, fronçant ses sourcils épais. Il détailla la dalle, puis Irene, puis la dalle encore, en silence. Après une longue minute, il gronda :

— Certaines cartes veulent rester cachées. Ici, tout ce qui surgit du sable n’est pas fait pour les enfants trop curieux.

Irene n’insista pas. Mais la nuit venue, un visiteur inattendu vint bouleverser les certitudes du Gardien. À la lueur d’une lanterne bringuebalante, quelqu’un frappa timidement à la porte. Irene ouvrit à un jeune homme, drapé dans une cape trop vaste pour lui, nez perdu sous des lunettes rondes. Il affichait un large sourire mais ses doigts tapotaient compulsivement un carnet raturé.

— Bonsoir, bredouilla-t-il en trébuchant sur le seuil. Je... Je m’appelle Naël. On m’appelle plus souvent le Résolveur d’énigmes... J’ai entendu parler de votre collection et... Hum, je cherche la vérité sur un mythe du désert.

À ce mot, la moustache d’Othon frémit. Irene, elle, frissonna d'impatience.

Naël, tout en marmonnant de légères formules énigmatiques, s’agenouilla devant la carte dévoilée par la tempête.

— « Là où le soleil se lève entre deux ombres... » C’est un code ! Un indice positionnel… Peut-être une pyramide disséminée, dissimulée par un jeu des lumières à l’aube…

— Les pyramides secrètes n’existent que pour ceux qui refusent de les voir, trancha Othon, mais un éclat de doute brillait dans son regard.

Irene observa les deux hommes : l’un muré dans ses principes, l’autre tout tremblant mais que rien ne semblait décourager. Le désert, derrière eux, s’assombrissait. Là-bas, au loin, une forme massive glissa brièvement entre deux dunes : silhouette trouble, presque humaine, mais bien trop grande, le vent coulant sur ses épaules comme une toge. Othon referma aussitôt la porte à double tour.

— L’Ogre du Désert, murmura-t-il, palissant. Il sent le trouble. Ici, personne ne doit réveiller ce qui dort sous les sables.

Naël hoqueta, crispant sa cape. Irene, elle, sentit une électricité nouvelle lui traverser la poitrine : entre peur et exaltation. Refuser l’appel du mystère ? Impossible.

— J’ai grandi à écouter les histoires de l’oasis, lança-t-elle, la voix douce mais décidée. Si cette carte est venue à nous, c’est pour qu’on la suive. — Oncle Othon, tu dis toujours qu’il faut respecter le désert, mais peut-être que le plus grand respect c’est de chercher à le comprendre ! Et si… Et si nous partions à la recherche de cette pyramide ? Nous trois : le Gardien, le Résolveur et... moi.

Othon hésita. Une étoile filante fendit le ciel, comme pour confirmer l’audace d’Irene. À contrecœur, il esquissa un sourire grincheux.

— Les secrets n’appartiennent pas toujours à ceux qui les enterrent, admit-il enfin. D’accord, fillette. Mais au moindre danger, on rebrousse chemin — et tu m’obéis au doigt et à l’œil !

Naël poussa un cri de joie avant de bondir – et faillit se prendre les pieds dans son propre manteau.— Magnifique ! Je… Je n’ai jamais affronté un Ogre, mais j’ai résolu le problème du manuscrit à lettres disparues !

Le lendemain, dès le lever du soleil, le trio emporta boussole, carnet, gourde et futa, arpenta les abords de l’oasis à la recherche des « deux ombres ». Irene, attentive aux traces dans le sable, trouva d’abord l’empreinte d’un scarabée, puis celle, plus large, d’un pied d’Ogre enfoncé tout près d’un rocher fendu. Les indices semblaient converger vers l’aube, guidés par la logique de Naël et la mémoire d’Othon.

Mais dans l’immensité brûlante du désert, le vent portait déjà le soupir d’une créature jalouse, surveillant ces intrus téméraires. Un frisson traversa Irene : était-ce l’aventure… ou une mise à l’épreuve ? Quoi qu’il en soit, elle sentit pleinement, pour la première fois, le poids — mais surtout le frisson — d’une promesse murmurée par le sable.

C’est ainsi que, rassemblant leur courage et leurs esprits, les trois voyageurs s’enfoncèrent vers les zones inconnues du désert, là où naissent les mirages et où le mystère de la nature n’attend que d’être déchiffré.



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