Histoires pour enfants

Lyna et la Salle des Runes : À la Recherche des Échos Magiques

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Lorsque l’apprentie archéologue Lyna découvre que la mélodie ancestrale qui protège son académie a été brisée, elle se lance dans une quête périlleuse au cœur de la Salle d’étude des runes. Accompagnée d’un diplomate alien pacifique et d’un énigmatique résolveur d’énigmes, elle devra affronter illusions et dangers — et l’ombre d’un ogre déterminé à garder les secrets enfouis. Pour sauver la chanson magique, Lyna devra oser l’aventure, dépasser ses doutes, et déployer toute la force de son imagination.
Lyna et la Salle des Runes : À la Recherche des Échos Magiques

Chapitre 3 : La Galerie des Pièges et l’Ogre aux Illusions

Chapitre 3 : La Galerie des Artefacts Piégeurs

Le couloir s’ouvrit devant eux comme la gueule d’un géant pétrifié, incrusté d’étagères biscornues qui s’étiraient à perte de vue. Sous l’arche runique, la lumière courait, arachnéenne et changeante, révélant des myriades d’objets enluminés d’étranges éclats : des bocaux où tourbillonnaient des bribes d’orage, des gants qui lévitaient en caressant la brume ou encore des poupées fossilisées dotées de regards phosphorescents. Le sol lui-même semblait souple, ondulant au rythme des ronflements d’un tapis-chat, qui s’étira en bâillant puis disparut.

Sori, prudent, murmura :
— Nous voilà au cœur de la Galerie. Il paraît qu’ici, la peur donne corps aux illusions… mais l’imagination, elle, dévoile la sortie.

Bram, bien qu’encore secoué par leur précédente épreuve, arborait un sourire bravache :
— Rien de tel qu’un bon défi logico-magique. Je parie que si on avance vite, on trouvera le prochain Écho avant que l’ogre ne s’aperçoive de notre progrès !

Mais à peine avait-il terminé sa phrase qu’une sphère translucide jaillit d’une étagère, tourbillonnant autour de leur cercle comme une luciole géante. Sori recula, tandis que Lyna, curieuse, observait la surface mouvante de la sphère sur laquelle se reflétait leur trio, mais les visages étaient muets, comme privés de souffle.

Et aussitôt, la sphère aspira un filet d’air, et Bram s’étrangla à moitié :
— Ma voix… Attendez, je—
Sa voix se mua en couinement ridicule, puis plus rien. Un silence comique s’imposa, tandis que Sori camouflait un sourire poli.
Lyna tenta de toucher la sphère du bout du doigt : une étincelle électrique la parcourut, et soudain un souvenir d’enfance — son premier fou rire dans la salle, à contempler une souris déguisée en bibliothécaire — lui revint en mémoire. Au lieu de la blesser, ce souvenir fit éclater la sphère en bulles crépitantes, qui vinrent danser autour d’elle comme des feux follets.

Bram, la voix revenue, applaudit discrètement.
— Bon, la méthode frontale n’est pas la meilleure, admettons !

Le couloir se resserra, et un miroir ovalisé, encadré de tentacules dorés, leur barra le chemin. Ils se penchèrent, s’attendant à découvrir leurs reflets, mais ce fut bien plus troublant : le miroir ne montrait que des souvenirs déformés — Sori en habit de clown, Lyna ridiculement imposante, Bram minuscule sous une pile de grimoires.

— Pas très subtil comme piège, grommela Bram. On croirait mes pires journées à l’école.

Lyna, attentive, vit que plus ils riaient de leur reflet, plus le miroir perdait de sa brume. Elle tira la langue à son double géant, Sori improvisa une révérence ridiculement burlesque, et même Bram, d’habitude sérieux, fit une grimace de rat de bibliothèque affolé. Le miroir se fendit d’un trait lumineux, les laissant passer.

Plus loin, un trépied soutenait un grimoire soulevé par des plumes mécaniques. Il s’ouvrit soudain, projetant des mots flamboyants dans le vide :
« Pour franchir cette étape, résous-moi. Si tu me lis, je peux effacer le sommeil, si tu m’oublies, je griffe tes cauchemars. Que suis-je ? »

Lyna s’approcha, mais Bram la devança, l’œil brillant :
— Facile, c’est un rêve !

Mais aussitôt, la pièce vacilla, les lettres du livre s’étirant pour former d’immenses ombres menaçantes qui envahissaient la galerie : des rats ailés, des griffes de fumée, même une échelle en spaghettis géants qui tentait de les avaler.

— Bram ! Ce n’est pas une énigme ordinaire, regarde !

Lyna, observatrice, réalisa que la noirceur s’intensifiait à mesure que Bram s’entêtait à vouloir chasser les ombres par la logique pure. Elle ferma les yeux, se força à penser à ses rêves d’aventurière qui dansaient sur les nuages, à des forêts faites de plumes ou à des soleils qui murmurent des blagues.

À mesure qu’elle laissait son imagination vagabonder, les artefacts changeaient de nature : les rats devinrent des oiseaux-musiciens, les griffes de fumée, des rubans multicolores, l’échelle de pâtes se transforma en arc-en-ciel traversé de sonorités magiques. Bram, intrigué, tenta le coup :
— Si au lieu de répondre correctement à l’énigme, j’inventais la réponse la plus absurde du monde ?

Il lança, hilare :
— Ma vraie réponse, c’est… un sabot de mouton qui rêve d’être horloge !

Un silence total s’abattit, puis le grimoire vibra, de plus en plus vivement, jusqu’à ce que ses pages s’envolent et qu’une porte s’ouvre sur la droite. Un sablier géant apparaissait, son sable coulant étrangement… du bas vers le haut.

Sori salua avec toute la solennité d’un diplomate galactique :
— Ô grand maître du temps inversé, pourrais-tu nous accorder passage si nous répondons à ta question ?

Le sablier se mit à osciller avant de souffler :
« Je mesure l’instant, mais ne vieillis jamais si l’on chante en remontant. Qui suis-je ? »

Bram hésitait, mais Lyna, inspirée, souffla :
— Il n’attend pas une réponse logique… Chante, Bram. Invente.

Bram improvisa une comptine absurde sur les sabliers qui font la révérence en marchant sur leurs grains. Sori, d’une voix flûtée, entonna une rengaine de là-bas. Lyna, d’abord hésitante, ajouta un la-la-la inventé, et le sablier, ravi, les laissa passer.

Au-delà, un cor ancien attendait, pulsant d’une lumière turquoise et lançant des spirales de notes qui bruissaient telles des ailes. Mais l’ogre surgit, massif dans la clarté glauque, son ombre s’étendant jusqu’à envelopper le groupe.

— Croyez-vous avoir triomphé si facilement ? Voici la pire des illusions…

Un souffle glacial descendit sur eux, les environnant d’un brouillard dense. Soudain, chacun fut isolé dans sa propre peur. Bram fut assailli de visions où toute énigme restait sans solution et où son père, géant moqueur, lui tournait le dos. Sori, lui, vit la Station d’Équilibre s’effondrer, son peuple égaré, les chants brisés et loin de chez lui à jamais.

Lyna ouvrit les yeux dans un espace sans lumière, peuplé d’ombres fuyantes. Autour d’elle, tous les souvenirs de la Salle s’effaçaient : le rire de Bram, le calme de Sori, son espoir de devenir archéologue. Elle sentit la peur monter, une peur sourde de n’être qu’oubliée, une silhouette anonyme parmi des milliers d’artefacts oubliés.

Mais alors, elle se redressa. Elle pensa à tout ce qu’elle avait déjà traversé : le silence, son premier souvenir joyeux transformant la sphère, l’humour face au miroir, la douce absurdité des réponses inventées. Chaque peur pouvait devenir une lumière, un passage. Fermant les yeux, elle convoqua tous ses souvenirs lumineux : une question inlassablement posée à une bibliothécaire patiente, le sentiment de fierté en déchiffrant sa première rune, la joie absurde d’un rêve qui ne rime à rien. Ses doutes et ses imaginaires brassèrent le brouillard qui l’enveloppait, le chassant peu à peu.

À travers la vapeur, elle éleva la voix :
— Ogre ! Ta peur m’atteint — mais elle ne me définit pas. Je choisis de la regarder en face, et d’en faire un souvenir de courage, pas d’oubli !

Ses mots résonnèrent, fendillant le brouillard autour des autres. Bram, la gorge encore nouée, retrouva la couleur de ses rêves lorsqu’il vit Lyna debout, ferme. Sori, inspira la fraîcheur retrouvée, tintant de ses notes rassurantes.

L’ogre, surpris, s’inclina, son regard moins féroce.
— Très peu osent défier ma dernière illusion sans fuir. Tu as osé regarder ta peur… et tu lui as offert mémoire.

À cet instant, le cor pulsa d’une lumière azur, flottant vers Lyna, vibrant comme s’il battait d’un courage neuf. Elle le saisit : une chaleur douce courut dans ses bras et inonda toute la Galerie, dissipant les illusions.

Bram souffla, admiratif :
— Lyna, tu as fait bien plus que résoudre une énigme… Tu as donné à la peur une forme qu’on peut regarder sans trembler.

Sori, rayonnant, conclut :
— La voie devient plus claire. Avec l’Écho du Courage, nous pouvons affronter les caprices de la Salle. Souviens-toi, Lyna : le vrai pouvoir d’un archéologue n’est pas de collecter les secrets, mais d’apprendre à danser avec eux, sans les laisser te dominer.

Sous la voûte irisée, le groupe repris la marche. Derrière eux, la Galerie des Artefacts Piégeurs semblait soudain moins menaçante — le rire, la mémoire et la confiance y circulaient désormais comme des eaux vives. Et dans l’ombre, l’ogre, intrigué, observait Lyna d’un œil neuf. Peut-être, songea-t-il, était-il temps d’envisager que la mission d’un gardien peut aussi s’ouvrir au courage et au partage…



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