Histoires pour enfants

Lyna et la Salle des Runes : À la Recherche des Échos Magiques

Histoires pour enfants

Lorsque l’apprentie archéologue Lyna découvre que la mélodie ancestrale qui protège son académie a été brisée, elle se lance dans une quête périlleuse au cœur de la Salle d’étude des runes. Accompagnée d’un diplomate alien pacifique et d’un énigmatique résolveur d’énigmes, elle devra affronter illusions et dangers — et l’ombre d’un ogre déterminé à garder les secrets enfouis. Pour sauver la chanson magique, Lyna devra oser l’aventure, dépasser ses doutes, et déployer toute la force de son imagination.
Lyna et la Salle des Runes : À la Recherche des Échos Magiques

Chapitre 2 : L’Écho du Silence — L’Énigme du Piédestal d’Opale

Chapitre 2 : L’Écho du Silence

Le silence qui suivit le défi de l’ogre s’étira, dense, presque palpable, comme si les murs de la Salle d’étude retenaient leur souffle. La faille bleutée palpitait encore dans l’ombre, projetant de faibles éclats sur les parchemins entassés, et le parfum amer de la poussière flottait dans l’air, aiguisant l’attention de chacun.

Lyna avançait la première, son pas mesuré résonnant faiblement sur le dallage. Sori la suivait, élégant et attentif, tandis que Bram, remonté à bloc, serrait contre lui un carnet couvert de symboles griffonnés à la hâte.

« C’est… bizarre, commenta Bram en chuchotant. On dirait qu’après la menace de l’ogre, la salle nous observe encore plus. T’as vu ? Cette lumière étrange sous la colonne, là-bas… »

Lyna leva les yeux vers le fond de la pièce. Près de l’un des plus anciens piliers, un piédestal de pierre dressait sa silhouette bosselée au milieu de volutes d’ombre. Rien, si ce n’est une poussière épaisse recouvrant ses angles, n’indiquait qu’il s’agissait d’un objet magique. Mais sur le socle, très faiblement, des symboles opalescents pulsaient comme un cœur discret. Ils n’étaient visibles que par éclairs, rythmés au mouvement de la lumière… ou était-ce celui des pensées ?

Sori s’approcha avec cette prudence raffinée qui lui était propre. Il fit le tour de la colonne sans un bruit, posant le bout de ses doigts sur les dessins irisés. Aussitôt, un murmure furtif courut dans la salle – comme un frôlement de fantôme dans la chevelure d’un livre ancien.

— Je crois, proposa Sori, que ce piédestal n’est pas destiné à attirer l’attention. Remarquez, c’est sa discrétion même qui le distingue… Peut-être faut-il simplement ne rien faire ?

Bram, dont le visage s’était éclairé à la vue des symboles, tapota nerveusement ses lunettes.

— Non non, attends ! Certains textes runiques mentionnent des objets qui n’apparaissent qu’aux silencieux. Et si…

Mais déjà, alors qu’il ouvrait la bouche, un flux glacé envahit l’air. Des voix, douces au début, puis insistantes, vinrent tournoyer dans les oreilles de chacun. C’étaient des chuchotements, tantôt attachants, tantôt acérés, qui semblaient effleurer l’intérieur du crâne.

« Dis-le… partage ce que tu caches… Toute vérité tue le doute… Parle, et tu seras soulagé… »

Lyna sentit son cœur s’emballer. Les murmures chatouillaient des peurs enfouies, des doutes qui, d’ordinaire, restaient silencieux derrière sa timidité. Soudainement, elle avait envie de tout confier à voix haute : son inquiétude permanente d’oublier quelque chose d’important, son immense solitude au cœur de la salle, ses envies de prouesses qu’elle n’osait jamais exprimer. Mais une crainte nouvelle glissa en elle – si elle cédait, que deviendraient ses souvenirs ?

Sori, lui, tentait de résister avec dignité. Il entonna une sorte de litanie apaisante, faite de mots étrangers et de formules diplomatiques. « L’équilibre produit la paix… la paix danse sur le doute… le doute n’engendre que patience… »

Mais les voix montaient en intensité, et, bientôt, Bram s’effondra sur les marches du piédestal, mains tremblantes sur ses tempes.

— Je… Je ne veux pas être un raté… finit-il par bredouiller. J’ai peur de décevoir… mon père pensait que j’étais un prodige. Mais chaque fois que je bute sur une énigme, j’entends sa voix dans ma tête qui me dit « Tu aurais dû… »

Le piédestal s’illumina brièvement sous la confession, mais rien ne se produisit. Les murmures paraissaient s’être apaisés un instant, puis revinrent, redoublés, tournoyant autour de Lyna.

« À toi… Dis-le. Pourquoi restes-tu dans l’ombre ? Pourquoi n’as-tu jamais voulu prendre la parole ? Tu crois que ce que tu portes doit rester secret ? »

Lyna ferma les yeux. Autour d’elle tout semblait flotter, tanguer au rythme des incantations. Elle pensa à la chanson brisée, aux échos perdus qui menaçaient d’éteindre la mémoire des générations passées. Elle songea à tous ces moments où elle s’était retenue de prendre part, de peur de se tromper ou d’être insignifiante. Mais quelque chose, au fond d’elle, résista à l’élan qui voulait tout révéler.

Et si, cette fois, elle acceptait simplement le silence ? Si elle ne cherchait pas à opposer ses doutes, mais à reconnaître qu’ils faisaient partie d’elle, qu’ils la protégeaient peut-être d’une certitude trop rapide ?

Elle posa la main sur la dalle la plus terne, là où la lumière des runes cessait de pulser. Un frisson parcourut la Salle. Les symboles opalescents se mirent à briller plus fort, comme s’ils avaient attendu ce geste. Lyna respira, longuement, accueillant le silence – un silence habité, riche d’une infinité de secrets qu’on n’a pas besoin de nommer.

Un son, cristallin, pur, s’éleva alors, d’abord à peine audible, puis se déploya dans la Salle. Cela n’avait rien d’une mélodie articulée, mais plutôt le chant d’un souvenir longtemps retenu, qui tinte à l’oreille comme la promesse d’un savoir oublié.

Sori et Bram, stupéfaits, observèrent le fragment sonore qui se dégagea du piédestal pour venir flotter devant Lyna, tel un galet translucide vibrant doucement.

— Lyna… murmura Bram. Tu as trouvé le premier Écho…

Sori inclina respectueusement la tête.

— Il fallait oser se taire dans la tempête, murmura-t-il avec admiration. Peu sont capables d’embrasser le doute sans vouloir le dissiper par des mots.

Lyna serra le fragment près de son cœur. Il émettait une chaleur tranquille, comme celle d’un feu intérieur qui rassure sans brûler. Elle sentait qu’il lui insufflait le courage d’écouter avant de répondre, de ressentir avant de parler. Peut-être, songea-t-elle, que le silence est la première forme d’imagination.

Mais à peine eurent-ils le temps de savourer leur victoire qu’un grondement féroce résonna derrière eux. L’ogre venait de surgir, plus imposant que jamais. Sa massue fendait l’air à chaque geste et ses yeux jaunes étincelaient de colère.

— Vous croyez m’avoir trompé ? rugit-il. Le Silence… n’est qu’une illusion de sages ! Pour saisir le prochain Écho, il faudra traverser la Galerie des Artefacts Piégeurs ! Là-bas, ni discrétion, ni mots ou absence de mots ne vous sauveront. Il faudra braver le pire des dangers : ceux que fait naître votre propre imagination !

Un rictus cannibale étira sa bouche ornée de runes. Sori, impassible, répondit par une révérence.

— Nous acceptons, noble gardien, car c’est dans le danger que s’affirme la volonté d’apprendre.

Bram, le visage encore rougi par l’émotion, tenta de plaisanter.

— Heu… si jamais mon imagination commence à invoquer des choux carnivores ou des encriers qui mordent, poussez-moi du coude !

Lyna sourit, légèrement rassurée par l’humour de Bram. Un instant, la Salle sembla s’adoucir autour d’eux, comme pour leur souffler que l’aventure ne faisait que commencer.

Dans la lumière nouvelle du fragment d’Écho, le trio s’engagea ensemble vers la Galerie des Artefacts Piégeurs, l’ogre leur emboîtant le pas. Au-devant s’ouvrait un passage voûté d’où filtrait une brume irisée, promesse d’épreuves où l’imagination, la peur et le courage, tissés ensemble, dévoileraient le vrai pouvoir de l’aventure… et peut-être, celui de Lyna elle-même.



AccueilConcoursParticiperFun
Histoires pour enfants - Lyna et la Salle des Runes : À la Recherche des Échos Magiques Chapitre 2 : L’Écho du Silence — L’Énigme du Piédestal d’Opale