Dans l’immensité chatoyante de la galaxie d’Auréole, la jeune sirène Douaa flottait gracilement parmi les nébuleuses iridescentes. Ses yeux, couleur d’océan profond, brillaient de curiosité et de détermination. Sirène-apprentie-sorcière, elle portait toujours autour du cou un collier de perles stellaires, vestige d’un ancien sortilège transmis par sa grand-mère. Timide mais résiliente, Douaa rêvait de maîtriser pleinement ses pouvoirs et de découvrir les secrets de l’univers.
À ses côtés se trouvait Peluche, une créature extraordinaire façonnée dans une étoffe cosmique. La petite Peluche, amie espiègle et loyale, prenait l’apparence d’un ourson étoilé, capable de se gonfler d’air interstellaire pour rebondir sur les astéroïdes ou de canaliser l’énergie des comètes. Bien qu’elle aimât les farces, elle savait se montrer d’une sagesse étonnante lorsqu’il s’agissait de protéger Douaa.
Un jour, alors que le duo explorait le champ de poussières lunaires, un frisson glacé traversa l’espace : un fantôme ancien, voguant entre les constellations, semait le désordre en absorbant la lumière des étoiles. On l’appelait Ombrelenglout, le Fantôme Vorace. Les habitants de la galaxie craignaient qu’il n’aspirât bientôt toute l’éclatante beauté d’Auréole.
Douaa comprit qu’elle devait agir. Guidée par un ancien parchemin stellaire, sa quête consistait à collecter trente échantillons de poussière d’étoiles – de petits joyaux cosmiques nécessaires au rituel de remise en lumière. Chaque fragment, gardé dans son flacon de verre lunaire, libérerait une onde de réconfort et d’empathie, capable de repousser l’obscurité vorace.
Le premier arrêt de leur voyage fut la Nébuleuse Arc-en-ciel, un tourbillon de gaz multicolores où planaient des poissons célestes. Peluche bondit de crainte lorsqu’un banc de poisson-perles passa en sifflant, mais Douaa, rassemblant son courage, prononça un chant enchanté. Les poissons s’écartèrent pour laisser la jeune sirène puiser la poussière d’un geyser stellaire, qu’elle aspira avec délicatesse dans son flacon.
“Aie confiance, Peluche,” murmura-t-elle. “Bientôt, nous aurons toutes les teintes nécessaires pour illuminer la voie.”
Ensuite, ils naviguèrent vers la Forêt de Cristal, une mer d’astéroïdes aux parois translucides. Là, ils durent résoudre l’énigme du Gardien de Quartz, un sphinx de roche fine.
“Quelle est la lueur que l’on ne peut jamais enfermer ?” demanda la créature d’un souffle grave.
Douaa plissa les sourcils, puis répondit, déterminée : “L’espérance.”
Le Gardien, s’inclinant, laissa échapper une poussière argentée qu’elle recueillit avec gratitude.
Alors qu’ils applaudaient leur réussite, un grondement sourd déchira le silence spatial. L’ombre froide d’Ombrelenglout s’abattit sur eux, engloutissant la Forêt de Cristal dans une pénombre oppressante.
“Vite !” s’écria Peluche, “Il faut se mettre à l’abri !”
Mais Douaa resta immobile. Rassemblant son courage, elle éleva la voix : “Par le pouvoir des perles stellaires et la lumière de l’espérance, je bannis l’obscurité !”
Un halo nacré jaillit de son collier, repoussant momentanément le fantôme. Mais ce dernier, furieux, lança des tentacules d’ombre pour briser le flacon de Douaa.
Peluche, dans un élan de bravoure, se jeta devant le flacon, le protégeant de son corps étoilé. Une onde de choc les projeta tous deux contre la paroi cristalline de l’astéroïde. Douaa sentit une brûlure d’inquiétude, puis une immense fierté.
“Tu es la plus courageuse des amies, Peluche,” souffla-t-elle en serrant son compagnon.
“Et toi, la plus vaillante des sirènes,” répondit l’ourson, retrouvant le sourire.
Humanisés par cet élan altruiste, leurs cœurs résonnèrent à l’unisson. Douaa improvisa alors une mélodie douce, tandis que Peluche tambourinait d’un doigt d’étoile sur le flacon intact. Un éclat doré jaillit, tissant une barrière éthérée autour d’eux.
Ombrelenglout, touché par tant d’empathie, recula en vacillant. Sans comprendre, il libéra une poussière d’ombre, fragment inattendu du rituel. Douaa la recueillit, perplexe, puis rassembla quatre échantillons supplémentaires aux confins du Vent Solaire et du Lac de Plasma.
Leur dernier obstacle fut le Pont de Comètes, un arc instable fait de blocs de glace éternelle. Seuls les cœurs unis pourraient le traverser sans qu’il ne s’effondre. Douaa et Peluche fermèrent les yeux, joignirent leurs mains et se concentrèrent sur leur amitié. Le pont se stabilisa, scintillant de mille feux.
Arrivés au Cœur de la Galaxie, lieu du rituel, Douaa disposa les trente flacons en cercle et prononça l’incantation sacrée. Les poussières s’élevèrent et tourbillonnèrent en un kaléidoscope de lumières. La galaxie d’Auréole était enfin protégée : les étoiles reprenaient leur éclat originel, la vie reprenait dans chaque recoin.
Ombrelenglout inclina la tête, apaisé. Il avait compris que, parfois, c’est dans la générosité et l’union que réside la vraie force. Le fantôme disparut, laissant derrière lui un dernier reflets d’argent sur le vide stellaire.
Douaa sentit alors un frisson nouveau parcourir ses écailles : elle venait de franchir une étape décisive dans son apprentissage de sirène-sorcière. Son collier de perles brillait plus intensément que jamais, symbole de son courage et de sa bienveillance.
Peluche, épuisée mais heureuse, se laissa tomber contre Douaa.
“Nous l’avons fait, ma chère sirène,” murmura-t-elle.
“Oui,” répondit Douaa. “Et grâce à toi, j’ai découvert le pouvoir de l’amitié et de la solidarité.”
En récompense de leur bravoure, les anciens de la galaxie leur offrirent un coffre de gemmes stellaires. Chaque gemme renfermait une lueur d’émotion : rires d’enfants, chants de baleines cosmiques, brise d’été. Douaa sut qu’elle pouvait désormais infuser ces trésors dans ses futurs sortilèges, pour apporter réconfort et espoir à chaque coin d’Auréole.
Et tandis qu’elles regagnaient le vaisseau, la sirène et son ourson, unis à jamais par cette aventure, se promirent de continuer à explorer les étoiles, collecter la beauté de l’univers et partager la lumière partout où l’ombre menace de s’étendre. Car ils avaient compris que, même dans l’obscurité la plus profonde, un cœur altruiste pouvait rallumer l’étincelle de l’espoir.
FIN