
Joy est une apprentie fée timide mais courageuse. Chaque matin, elle se réveille dans son nid de pétales de rose, au cœur de la forêt enchantée. Ses ailes scintillent de mille reflets, mais elle n’ose pas encore les déployer devant les autres habitants. Joy préfère écouter le chant des oiseaux et sentir la brise légère sur son visage.
Un jour, la forêt jeta un grand soupir. Les fleurs perdirent leurs couleurs vives. Le ruisseau se fit silencieux. Les oiseaux s’arrêtèrent de chanter. La forêt semblait triste et grise. Joy sentit son cœur se serrer. Elle ne pouvait pas laisser la forêt perdre sa joie.
Elle décida de demander de l’aide au Magicien. C’était un vieil homme à la longue barbe argentée. Il vivait dans une clairière couverte de champignons luminescents. Le Magicien était jovial et un peu distrait. En la voyant, il la salua d’un grand geste amical.
« Bonjour Joy ! Comment vas-tu ? » dit-il en ébouriffant sa barbe.
« Magicien, la forêt a perdu ses couleurs, » répondit Joy doucement. « Les fleurs, les arbres, les oiseaux… tout est triste. »
Le Magicien fronça les sourcils. Il toucha son chapeau pointu et réfléchit.
« Je pense que c’est l’œuvre de la Sorcière Grise. Elle habite la tour au bord de la mare sombre. Elle déteste la joie. Elle a probablement lancé une malédiction. Pour rompre son sort, il nous faut retrouver la perle arc-en-ciel. Elle contient la joie pure de la forêt. »
Joy sentit ses petites mains trembler d’excitation et de peur. Mais elle était déterminée.
« Où trouver la perle arc-en-ciel ? » demanda-t-elle.
Le Magicien sortit un vieux parchemin. Dessus étaient dessinés trois étapes :
- Franchir le pont de racines.
- Croiser le lac des reflets.
- Trouver la grotte aux lucioles.
« Je t’accompagnerai jusqu’au pont, » proposa le Magicien. « Mais après, tu devras continuer seule. Tu as en toi la lumière dont la forêt a besoin. »
Joy prit une grande inspiration. Elle salua le Magicien et s’avança vers le pont de racines tressées. Elles s’étendaient comme un sentier sinueux. Sous ses pas, elles gémissaient doucement. Joy concentra son courage. Elle posa un pied, puis l’autre, jusqu’à l’autre rive.
Au bord du lac des reflets, les eaux dormaient. Elles renvoyaient l’image de Joy, tremblante. Elle vit son propre visage et sentit un frisson. Une brise légère secoua la surface. Des bulles apparurent. Joy tendit la main et toucha l’eau. Une voix chuchota : « Crois en toi. »
Convaincue, elle traversa le lac en flottant, légère comme un pétale. Devant elle, la grotte aux lucioles s’ouvrait. De l’intérieur émanaient de petites lumières dorées. Joy entra et entendit un bruissement joyeux. Les lucioles dansaient autour d’elle et formaient un cercle.
Au centre, posée sur une pierre de quartz, se trouvait la perle arc-en-ciel. Elle brillait de toutes les couleurs. Joy s’approcha. Son cœur s’emplit de bonheur. Elle tendit la main et saisit la perle. Instantanément, un souffle iridescent l’enveloppa.
La forêt tout entière retentit d’un cri de joie. Les oiseaux reprirent leur chant. Les fleurs rougirent, verdoyèrent, s’illuminèrent. Le ruisseau se remit à couler, clair comme un miroir. Les arbres se dressèrent fièrement.
La Sorcière Grise apparut au bord de la mare sombre, interloquée. Elle tenta d’agiter sa baguette, mais la magie de la perle la repoussa. Les rayons colorés la firent reculer. Finalement, elle disparut en jurant de ne plus jamais revenir.
Joy resta au centre de la clairière, entourée de tous les habitants de la forêt enchantée. Le Magicien la félicita et lui tapota l’épaule.
« Tu as trouvé la perle et restauré les couleurs. Tu as montré que le courage et la gentillesse sont de vraies magies. »
Joy sourit. Elle sentit enfin ses ailes frémir. Elle les déploya et s’éleva en virevoltant. Ses ailes scintillèrent comme un arc-en-ciel vivant.
Tous applaudissaient. Joy avait accompli sa quête : restaurer les couleurs de la forêt. La récompense était là devant ses yeux et dans son cœur. Elle était devenue la Fée des Couleurs. Depuis ce jour, la forêt enchantée vécut dans la joie et l’harmonie, couleur après couleur.