
Agathe était une jeune apprentie sorcière timide mais curieuse qui vivait au pied de la Flèche de cristal, une haute colonne de pierre cristalline qui scintillait sous le soleil. Depuis toute petite, elle aidait sa grand-mère à préparer des potions parfumées, à tricoter des chapeaux de feutre et à arroser les plantes magiques du jardin secret. Pourtant, malgré sa passion pour la magie, Agathe doutait souvent de ses pouvoirs. Elle rêvait pourtant de vivre une grande aventure et de découvrir un secret extraordinaire.
Un soir, alors que la lune se reflétait sur la pointe de cristal, une étoile filante traversa le ciel et sembla s’échapper de sa course habituelle. Elle alla se poser tout en haut de la Flèche, comme si elle cherchait un refuge. Agathe la regarda briller d’une lumière douce et bleutée, et un frisson d’excitation la parcourut. Voilà l’occasion qu’elle attendait : attraper cette étoile pour lui offrir un écrin protecteur, ainsi que la gloire dont elle rêvait secrètement.
Au pied de la tour, elle rencontra le Collectionneur d’Étoiles, un être délicat à l’allure d’un chat ailé aux plumes argentées. Il portait un petit sac de velours constellé d’yeux brillants, dans lequel il conservait les étoiles qu’il recueillait. Malicieux et facétieux, il souffla un salut aérien à Agathe.
« Bonsoir, jeune sorcière ! » dit-il en inclinant la tête. « Je m’appelle Myrtille. Je collecte les étoiles perdues pour les protéger de la nuit noire. Veux-tu monter avec moi ? »
Agathe hésita un instant. Elle le trouva bien trop sûr de lui. Mais son courage l’emporta. « D’accord, Myrtille ! » répondit-elle. Ensemble, ils entamèrent l’ascension de la Flèche de cristal. Les marches, taillées dans le cristal, résonnaient sous leurs pas.
Au milieu de l’escalier, une voix grave stoppa leur progression. C’était le Sorcier Obscur, un homme drapé d’une longue cape d’ébène, dont les yeux brillaient d’une lueur verte et inquiétante. Il avait appris la chute de l’étoile et voulait s’en emparer pour accroître sa puissance. Les ombres dansaient autour de lui, et un souffle glacé fit frissonner Agathe.
« Vous n’irez pas plus loin ! » gronda-t-il. « Cette étoile m’appartient ! »
Myrtille cracha un petit nuage d’étincelles. « Nous la protégeons, sorcier mesquin. Recule ! »
Obscur leva sa baguette, invoquant une pluie de cendres noires. Agathe sentit son cœur tambouriner dans sa poitrine. Elle se souvint alors des conseils de sa grand-mère : pour unir les forces de la magie, il fallait y mêler son propre espoir. Elle ferma les yeux et murmura une formule qu’elle avait apprise la veille.
« Lumen coruscare, cor omnia vincere ! »
Soudain, une lumière blanche jaillit de ses mains, formant un bouclier protecteur autour de Myrtille et d’elle-même. Les cendres du sorcier se dispersèrent comme de la poussière sous le vent. Obscur poussa un cri furieux, mais recula devant l’éclat pur qu’Agathe dégageait.
Pendant qu’Obscur hésitait, Myrtille laissa tomber un filet de lumière étoilée sur l’étoile perchée plus haut. L’astre faillit retomber, mais Agathe étendit la paume pour le recevoir. La lumière de l’étoile dansa sur ses doigts, chaude et vivante, comme si elle la remerciait. Agathe, éblouie et pleine d’émerveillement, sentit ses doutes s’évaporer.
Dans un dernier sursaut, le Sorcier Obscur leva sa baguette pour lancer un sort de dislocation. Mais Myrtille, agile comme le vent, fit tournoyer sa queue emplumée autour de la baguette et la désarma d’un coup vif. Le sorcier, privé de son instrument, ne put que reculer et disparaître dans un tourbillon de fumée noire.
Agathe monta alors jusqu’au sommet de la Flèche. Elle posa l’étoile dans un écrin de velours blanc que Myrtille avait apporté. L’astre, en sécurité, irradia une mélodie cristalline, comme un chant silencieux. La tour entière vibra, et ses parois translucides se teintèrent de mille couleurs, créant un arc-en-ciel de lumière dans la nuit.
Alors qu’elle ouvrait grand ses yeux, émerveillée par ce spectacle, Agathe aperçut un petit coffret caché dans une fente de cristal. Elle l’ouvrit lentement et découvrit un bâton de sorcière façonné dans le même cristal que la tour, orné d’une étoile à son sommet. Le bâton palpita dans sa main, comme s’il reconnaissait sa nouvelle propriétaire.
« Voilà ta récompense, Agathe, » dit doucement Myrtille. « Tu as prouvé ta valeur et ton cœur est pur. Grâce à toi, notre amie étoile est sauvée. »
La jeune apprentie sorcière sentit la chaleur de la fierté l’envahir. Elle posa une main sur la Flèche de cristal, remerciant ses parois étincelantes de l’avoir guidée. Puis, main dans la patte, elle redescendit vers sa maison, serrant contre sa poitrine le bâton de cristal et un petit pot de poussière d’étoiles offert par Myrtille.
De retour dans le jardin secret, Agathe retrouva sa grand-mère, qui sourit fièrement en voyant briller le bâton dans son dos. Cette nuit-là, sous le regard bienveillant de la lune, Agathe comprit que le véritable pouvoir ne venait pas de la magie seule, mais du courage et de la confiance que l’on porte en soi. Et par-dessus tout, elle découvrit la joie d’offrir un trésor tangible, fruit de son aventure, à ceux qu’elle aimait.